Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/354

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ter l’effusion du sang. M. Thiers avait, par fourberie, tenu à plusieurs reprises ce même langage pacificateur. C’était surtout le cri de la population.

On signa donc cette première convention, qui ne pouvait avoir qu’un caractère provisoire et conditionnel, puisque le Comité Central l’ignorait et n’avait pas été consulté, et qu’il n’avait donné mission à Brunel, à Protot et à Maxime Lisbonne, que d’occuper les mairies où siégeaient les comités de résistance. En outre, la date fixée par lui, déjà annoncée, par décret, avait été changée, et à son insu. Il n’y avait donc en réalité qu’un projet d’accord. On se serra les mains cependant avec joie et l’on se sépara aux cris de : Vive la République ! après avoir décidé que Protot prierait ses collègues du Comité Central d’envoyer, à neuf heures, des délégués à la mairie du IIe, pour terminer définitivement l’accord avec les maires, pour apporter la ratification, qu’on supposait certaine.

L’amiral Saisset fut tenu au courant de ce qui s’était conclu. En apprenant cet arrangement, il envoya son aide de camp à la mairie, et dit : « C’est ce qu’il y avait de mieux à faire ! » M. Schœlcher, dans sa déposition à l’Enquête, a confirmé cet assentiment de l’amiral.

Donc, le spectre de la guerre civile reculait, s’évanouissait.

L’accord semblait si désirable à tous qu’on colporta aussitôt la bonne nouvelle dans Paris.

Il y eut alors un fait très curieux, a dit M. Vacherot dans l’Enquête, je ne sais pas si vous le connaissez, mais sur le bruit de cet accord, le soir même, sur les boulevards, des démonstrations d’une joie folle eurent lieu. Les bataillons fédérés défilaient la crosse en l’air, en criant : Plus de guerre civile ! Vive le Travail ! Vive la Paix ! Telle a été pendant trois heures l’attitude des boulevards.