Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/356

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Protot fut l’un des principaux collaborateurs du Candide. Cet organe, nullement frivole, du matérialisme philosophique ne put durer que quelques semaines. Il a survécu dans l’histoire à bien des feuilles enregistrant encore avec fierté des millièmes numéros. L’important pour un journal, comme pour l’être humain, n’est pas la longévité stérile, mais d’avoir marqué son passage et d’avoir laissé trace de son existence. Candide, éphémère journal au petit format, a prolongé sa durée dans l’histoire.

Protot, qui avait rédigé le programme aux affirmations athéistes du premier numéro, avait acquis rapidement une double notoriété, dans la jeunesse militante du quartier et dans les brigades de police politique.

Le femeux Lagrange le surveillait. Classé comme journaliste subversif et agitateur dangereux, il fut compromis dans l’affaire du café de la Renaissance, et condamné, pour affiliation à une société secrète, à quinze mois d’emprisonnement.

il s’était fait inscrire au barreau et fut choisi comme défenseur par Mégy, un ouvrier mécanicien, accusé très en vue, qui avait tiré sur un agent nommé Mourot. L’agent s’était présenté pour l’arrêter à son domicile, avant l’heure légale. La défense de cet ouvrier considéré comme rebelle et meurtrier, rapprochée de sa propre condamnation récente, eut pour résultat de faire classer l’avocat Protot parmi les républicains à coffrer. Comme tel, il fut impliqué dans le procès de Blois.

Un commissaire de police, muni d’un mandat d’amener, se présenta chez Protot pour l’arrêter. Protot avait ouvert la porte lui-même, et ne fit nulle résistance. Mais le commissaire, procédant aussitôt à une perquisition, mit la main sur la serviette d’avocat de l’inculpé. Celui-ci protestant contre la saisie des dossiers de ses clients, se jeta sur le