Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/363

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Cette rupture était regrettable. Il est difficile d’approuver la conduite du Comité Central en cette circonstance. C’était pour la seconde fois qu’il ne sanctionnait pas les accords pris par ses délégués. Ceux-ci, comme lorsqu’ils avaient promis l’accès de l’Hôtel-de-Ville aux maires, ne croyaient pas outrepasser leurs pouvoirs.

Encore pouvait-on comprendre le refus antérieur du Comité tout entier de ratifier une décision prise par ses envoyés, à la suite d’une délibération confuse et prolongée tard dans la nuit. La concession faite alors par Varlin et Arnold de rendre l’Hôtel-de-Ville était d’une gravité exceptionnelle.

Mais le 24 mars, quand les maires, déclarant agir avec l’autorisation du gouvernement, cédaient sur tous les points, quand l’accord était non seulement acceptable, mais conçu dans les termes mêmes qu’avait exigés le Comité Central, sauf sur un point de seconde importance, pouvait-on admettre qu’on se divisât de nouveau, et qu’on se retranchât, chacun dans son camp, séparés par une question de date ? Qu’importait que cette date fût le 26 ou le 30 mars ? Quatre jours de plus ou de moins, cela changeait-il la situation ? L’objection de Ranvier aurait eu une grande valeur, si elle avait reposé sur la constatation d’un péril provenant seulement du choix du jeudi au lieu du dimanche précédent, péril qu’on évitait en faisant les élections le 26. Mais rien n’était moins exact et le péril ne disparaissait pas, parce que les électeurs étaient convoqués quatre jours plus tard. Ranvier avait dit : « En reculant les élections, Versailles gagne du temps pour nous attaquer. » C’était la vérité même. Mais le refus de Ranvier d’accepter un nouvel éloignement des élections eût été raisonnable et intéressant, s’il avait ajouté : « On votera, comme il a été dit, dimanche prochain, et, dès le lundi 27, les bataillons marcheront sur Versailles ! » C’était déjà bien tard, mais Paris gagnait