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deux fautes principales, deux fautes irréparables : son inaction depuis le 18 mars et la fixation au 26 des élections communales, au lieu d’avoir accepté la date que désiraient les maires.

Les élections se feront-elles dimanche ou se feront-elles jeudi ? a écrit un publiciste distingué, M. John Lemoinne, dans le Journal des Débats du 25 mars. S’il n’y avait pas d’autres sujets de guerre civile, ce serait une puérilité ; ce serait plus qu’une faute, ce serait un crime. Mais tout le monde sent et comprend qu’il y a autre chose en jeu et sous jeu. Il y a dans l’assemblée de Versailles autant d’arrière-pensées que dans le Comité de l’Hôtel-de-Ville.

Qu’il y eût des arrière-pensées à Versailles, certes, mais à Paris ? M. Thiers et plusieurs maires, qui en ont fait l’aveu par la suite, n’avaient qu’un but, celui qu’indiquait Ranvier : gagner du temps. Mais le Comité Central et la population n’avaient nullement les arrière-pensées que leur a supposées M. John Lemoinne. À Paris, on voulait les élections communales le plus tôt possible. C’était uniquement parce qu’on était persuadé qu’elles termineraient le conflit. Pour la grande masse parisienne, la Commune c’était la paix. On voulait la transaction, les élections aussi, parce qu’on était convaincu que c’était la fin de l’antagonisme et que la guerre civile deviendrait inutile et impossible, une fois Paris pourvu de son assemblée, avec ses franchises communales, avec son général de la garde nationale élu. On ne se faisait aucune idée des calculs combatifs de M. Thiers. C’est pourquoi il eût été st important, si sage aussi, de ne point ergoter sur la date que le gouvernement semblait approuver et de ne pas paraître avoir forcé la main aux maires. On a perdu là l’occasion de démasquer les plans de M. Thiers, en montrant qu’en fait de conciliation, c’était la bataille