Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/382

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transaction, blâmèrent ensuite, tout aussi fort, ceux qui avaient suivi leurs conseils.

REPRISE DES POURPARLERS

Les maires, en se rendant, à onze heures du matin, à la réunion qui avait été convenue, étaient dans des dispositions bien différentes de celles de la veille. Plusieurs mêmes craignaient qu’il ne fût pas aisé de revenir sur la rupture. Les députés, qui s’étaient rendus le vendredi à Versailles, arrivaient. On se précipita au-devant d’eux : « Eh bien ! quelles nouvelles ! » « Déplorables ! » dit en levant les bras d’un air désespéré et furieux à la fois M. Clemenceau. « Ils ne veulent rien entendre, ni rien faire ! Ces gens-là sont fous ! » continua M. Floquet. Et M. Clemenceau, s’écria : « Nous sommes pris entre deux bandes de fous : ceux qui siègent à Versailles et ceux qui sont à l’Hôtel-de-Ville ! » Et alors, vraisemblablement en toute bonne foi, Floquet raconta l’émoi de la séance de nuit, à l’Assemblée, brusquée et tôt levée, sur les instances de M. Thiers, qui avait supplié le rapporteur de la commission de ne pas différer son rapport et enjoint à M. Tirard de ne pas entamer la discussion sur les élections de Paris. Cette inquiétude de M. Thiers était motivée, ajouta Floquet, par les rumeurs hostiles circulant dans les groupes : son renversement qu’on voulait proposer et la nomination du duc d’Aumale comme lieutenant général, devenu chef du pouvoir, en attendant la restauration d’un Henri ou d’un Philippe.

Ces nouvelles produisirent une vive émotion parmi les maires, comme on l’a vu, et quand les deux délégués du Comité Central firent leur entrée dans la salle, les maires, impressionnés par ce que leur rapportaient, de Versailles,