Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/386

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25, une proclamation datée de deux jours avant, qui avait été affichée, mais non insérée.

Ce manifeste débutait ainsi :

Citoyens,

Vous êtes appelés à élire votre assemblée communale. C’est la première fois, depuis le 4 septembre, que la République est affranchie du gouvernement de ses ennemis. Conformément au droit républicain, vous vous convoquez vous-mêmes par l’organe de votre Comité, pour donner aux hommes que vous-mêmes aurez élus un mandat que vous-mêmes aurez défini. Votre souveraineté vous est rendue toute entière. Vous vous appartenez complètement. Profitez de cette heure précieuse, unique peut-être, pour ressaisir les libertés communales dont jouissent ailleurs les plus humbles citoyens, et dont vous êtes depuis si longtemps privés.

Le droit de la Cité est aussi imprescriptible que celui de la Nation : la cité doit avoir comme la nation son assemblée, qui s’appellent distinctement Assemblée municipale ou communale, ou Commune.

Cette assemblée, en supprimant tout antagonisme entre l’opinion politique de Paris et le pouvoir exécutif central sauvegarde à la fois le droit de la cité et le droit de la nation, celui de la capitale et celui de la province, fait leur juste part aux deux influences, et réconcilie les deux esprits.

Après avoir énuméré les attributions diverses de l’Assemblée municipale, l’auteur de ce remarquable exposé doctrinal, qui était Pierre Denis, terminait éloquemment par cet appel pacifique et ferme :

C’est une telle assemblée, la ville libre dans le pays libre, que vous allez fonder. Citoyens, vous tiendrez à honneur de contribuer par votre vote à cette fondation. Vous voudrez conquérir à Paris la gloire d’avoir posé la première pierre du nouvel édifice social, d’avoir élu le premier sa commune républicaine.

Paris ne veut pas régner, mais il veut être libre ; il n’ambitionne pas d’autre dictature que celle de l’exemple ; il ne prétend ni imposer ni abdiquer sa volonté ; il ne se soucie pas plus de