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de la retirer. Les députés rentrèrent alors en séance, sans avoir rien décidé.

La séance s’était ouverte à 2 heures sous la présidence de M. Grévy, et après une communication du gouvernement relative aux troubles de Lyon, la discussion du projet de loi sur la magistrature avait été commencée. MM. Victor Lefranc, de Peyramont, d’Auditret-Pasquier, avaient pris part à la discussion, ainsi que le rapporteur M. Ventavon. Un amendement de M. Limperani avait été soutenu par son auteur, puis retiré. L’article unique du projet avait été adopté, quand M. Arnaud de l’Ariège demanda la parole.

« La proposition, dit-il, que nous avions eu l’honneur, mes collègues et moi, de présenter à l’Assemblée, avait un caractère tout particulier d’urgence. Depuis, les événements se sont précipités à tel point qu’ils rendent désormais sans objet cette proposition. Par conséquent je n’ai plus rien à faire que de la retirer. »

Ce fut donc pour tout le monde, non seulement un enterrement de la proposition d’Arnaud de l’Ariège, c’est-à-dire l’effacement de l’ordre du jour de la fixation à une date très prochaine des élections municipales de Paris, mais une sorte de laissez-faire, d’abstention fataliste et de soumission aux faits. L’Assemblée ne voulait pas entendre parler de Paris et de ses élections. Elle éprouvait une grande répugnance à s’occuper de ce qui se passait autour de l’Hôtel-de-Ville. Elle se doutait bien que de graves événements, auxquels l’auteur de la proposition faisait allusion, s’y accomplissaient, mais elle n’en voulait rien connaître. Elle s’en rapportait à M. Thiers pour le choix du moment où elle devrait être tenue au courant, c’est-à-dire quand elle n’aurait plus qu’à approuver et à se réjouir d’être hors de péril, affranchie d’alarmes. Jusque-là elle entendait ne pas être dérangée dans son indifférence, ni