Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/401

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l’Assemblée de se prononcer. Les républicains de l’Assemblée, tout au moins, avaient le devoir d’émettre un avis. Sans lui donner une approbation motivée, ils devaient faire savoir à l’opinion qu’ils considéraient comme bonne et utile l’intervention des maires.

Louis Blanc déposa donc la motion suivante :

L’assemblée nationale déclare qu’en prenant, en toute connaissance de cause, le parti que leur imposait la plus alarmante des situations, les maires et les adjoints de Paris ont agi en bons citoyens.

Ont signé : MM. Louis Blanc, Peyrat, Edgar Quinet, Brisson, Edmond Adam, Langlois, Greppo, Martin Bernard, Tirard, Millière, Jean Brunet.

L’éminent député de Paris développa en ces termes mesurés sa proposition :

Messieurs, nous apprenons qu’une affiche signée par la majorité des maires et adjoints de Paris appelle tous les citoyens de Paris à prendre part demain aux élections du Conseil Municipal. Vous vous rappelez, Messieurs, que ces maires et adjoints sont venus, il y a deux jours, vous demander l’autorisation de prendre les mesures que leur paraissait réclamer la situation. Pour des motifs que le gouvernement a déclarés d’une importance suprême, mais qu’il n’a pas cru pouvoir nous faire connaître, la discussion de la proposition des maires a été écartée. Or, la crise devenant de plus en plus pressante, les maires, de plus en plus convaincus de la nécessité d’y pourvoir sans retard et sous leur responsabilité, ont pensé qu’il n’était pas possible, sans un danger imminent pour la paix publique, de laisser plus longtemps Paris privé d’un conseil municipal, que toute la population a réclamé pendant tant d’années et qu’elle demande aujourd’hui avec une incontestable unanimité.

Je viens donc, Messieurs, au nom de ceux de nos collègues de la représentation de Paris, qui, depuis huit jours, ont fait tant d’efforts pour arriver à la pacification de la capitale, vous conjurer de reconnaître qu’en prenant, en toute connaissance de cause, le parti que leur imposait la plus alarmante des situations, les maires et les adjoints de Paris ont agi en bons citoyens.