Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/403

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tie. Le mouvement du Dix-Huit mars avait à sa tête des hommes qu’ils ignoraient, ou par qui ils avaient été combattus et souvent injuriés, durant les dernières luttes électorales sous l’empire. D’où leur abstention méfiante et leur neutralité hésitante, durant ces deux mois de confusion et de combats.

La proposition de Louis Blanc était généreuse et acceptable. Elle avait l’avantage de forcer l’Assemblée à prendre parti. Ni Louis Blanc, ni ceux qui avaient signé avec lui, ne devaient d’ailleurs se faire grande illusion sur le sort qui paraissait réservé à cette motion, pierre jetée dans un marais coassant.

Un tumulte s’éleva, des grognements se firent entendre, dès les premières paroles de l’orateur. Quand il eut terminé, les droitiers s’agitèrent dans leurs fauteuils, poussant des cris confus, au milieu desquels dominait la demande de renvoi à la commission d’initiative.

Un membre, M. Cochery, réclama le renvoi à la commission des Quinze. Le président Grévy dit alors que le renvoi à la Commission d’initiative serait de droit, si l’Assemblée n’acceptait pas. Il relut la motion, et mit aux voix le renvoi à la Commission des Quinze. L’Assemblée vota contre. En conséquence, le président déclara que la proposition serait renvoyée à la Commission d’initiative. C’était un rejet complet.

Ainsi l’Assemblée refusait ce témoignage platonique aux maires, qu’ils avaient agi en bons citoyens, lorsqu’ils avaient tout fait pour éviter la guerre civile ! En traitant avec le pouvoir de fait, existant à Paris, en convoquant les électeurs pour donner à Paris ce conseil municipal que l’Assemblée avait promis, que le gouvernement avait accepté en principe, retardant seulement la date à laquelle il serait nommé, les maires avaient-ils donc agi en mauvais citoyens ?