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journaux à redouter, à peine quelques affiches hâtivement posées, lues avant d’entrer dans la salle de vote et quand les bulletins seraient en poche. Aucun vote ne serait changé par des attaques ou des appels précipités et toute manœuvre de la dernière heure serait inutile. Dans ces conditions, pensaient les sages, les habiles, il était présumable que les candidats du Comité Central, des hommes nouveaux, des inconnus, ne pourraient rassembler des suffrages suffisants. Des voix s’éparpilleraient sur des notoriétés révolutionnaires restreintes et rivales. Au contraire, les membres des municipalités, bien connus comme républicains, estimés comme citoyens, vus à l’œuvre pendant le siège, ayant déjà la vitesse acquise électorale, retrouveraient une grande partie de leurs électeurs. Les principaux élus du 8 novembre auraient pour le Conseil municipal à peu près le même nombre de voix qu’ils avaient obtenu pour les municipalités dans leur arrondissement. Il faudrait sans doute faire la part de l’outrance révolutionnaire de certains quartiers, mais dans l’ensemble le vote serait favorable aux maires et adjoints en place, la majorité dans la future assemblée communale leur semblait assurée aux maires et adjoints en fonctions.

Ce raisonnement, que les résultats du lendemain devaient démentir, eurent une grande influence sur l’esprit de la plupart de ceux qui signèrent la convention. Les maires capitulaient, mais c’était pour se rendre maîtres de la place.

ILLUSIONS ÉLECTORALES

Ce calcul des suffrages favorables aux maires semblait fait d’après des données sérieuses ; mais les chiffres en matière de scrutin ont quelquefois des totalisations trompeuses. Ainsi, en examinant les élections municipales du 8 no-