Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/414

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

présents à Paris, désireux d’appuyer les maires et adjoints candidats, rédigèrent et firent apposer l’affiche suivante. Elle énonçait l’abdication, de toute résistance dans la ville, signalait l’opposition de Versailles, l’acceptation à Paris de la solution du conflit par le vote, et engageait tous les citoyens à voter. Cette proclamation fut écrite pendant que M. Tirard, à Versailles, récoltait les signatures des députés assistant à la séance.

Citoyens,

Dans Paris, où le pouvoir législatif a refusé de siéger, d’où le pouvoir exécutif est absent, il s’agit de savoir si le conflit, qui s’est élevé entre des citoyens également dévoués à la République, doit être vidé par la force matérielle ou par la force morale.

Nous avons la conscience d’avoir fait tout ce que nous pouvions pour que la loi ordinaire fût appliquée à la crise exceptionnelle que nous traversons.

Nous avons proposé à l’Assemblée nationale toutes les mesures de conciliation propres à apaiser les esprits et à éviter la guerre civile.

Vos maires élus se sont transportés à Versailles et se sont fait l’écho des réclamations légitimes de ceux qui veulent que Paris ne soit pas tout à la fois déchu de sa situation de Capitale, et privé des droits municipaux qui appartiennent à toutes les villes, à toutes les communes de la République.

Ni vos maires élus, ni vos représentants à l’Assemblée nationale n’ont pu réussir à obtenir une conciliation.

Aujourd’hui, placés entre la guerre civile pour nos concitoyens et une grave responsabilité pour nous-mêmes, décidés à tout plutôt qu’à laisser couler une goutte de ce sang parisien, que naguère vous offriez tout entier pour la défense et l’honneur de la France, nous venons vous dire : terminons le conflit par le vote, non par les armes.

Votons, puisqu’en votant nous nous donnons le conseil municipal élu que nous devrions avoir depuis six mois.

Votons, puisqu’en votant nous investirons du pouvoir municipal des républicains honnêtes et énergiques, qui, en sauvegardant l’ordre dans Paris, épargneront à la France le terrible danger