Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/44

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cables, excusables même, mais qu’elles eurent des conséquences désastreuses !

Il faut d’abord établir, en principe, que toutes les chances de succès paraissaient être du côté de l’insurrection, durant les deux journées qui suivirent la surprise du 18 mars.

Le Comité Central possédait une force militaire considérable. Il avait des canons, des vivres. Il savait où trouver de l’argent : les caves de la Banque étaient à sa portée. Il n’avait qu’à étendre la main et à ouvrir ou briser les portes du trésor. Sur les deux cent mille gardes nationaux, armés, équipés, dont il disposait, il y avait un quart de mauvais combattants, inutilisables, non-valeurs ou réfractaires franchement hostiles, un quart de douteux, un quart de passables, qui marcheraient au succès passivement, craintivement, mais qui feraient nombre, comme dans toutes les armées. Restaient donc 25,000 hommes intrépides, résolus à vaincre ou à périr, avec lesquels on pouvait tout espérer, tout tenter. Ce sont ces hommes-là qui ont soutenu la lutte héroïque et disproportionnée dans les communes suburbaines, Neuilly, Asnières, Clichy, Issy, Vanves, Montrouge, pendant un mois et demi, et qui ont fourni les combattants, les héros et les cadavres de la dernière semaine.

Versailles ne pouvait, dans les journées de mars, opposer à cette armée de 25,000 républicains, pleins d’enthousiasme, que des bataillons aux faibles contingents, démoralisés, peu disciplinés, épuisés physiquement, déprimés par le siège et par la défaite. Ces troupes, en majeure partie depuis six semaines désarmées, étaient comme disloquées par le séjour dans Paris ; les officiers étaient découragés et les hommes disposés à la défection, à la suite du long contact avec l’habitant, par les propos libertaires