Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/454

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membres les plus actifs, comme Varlin, Malon, Vaillant, Lefrançais, Avrial, mais ceux-là étaient surtout des théoriciens, des philosophes, et il convenait que les intérêts, et les idées aussi, des travailleurs, eussent leurs représentants directs dans cette assemblée nouvelle. Elle apparaissait de composition bourgeoise dans son ensemble, et les Jacobins et les Blanquistes semblaient avoir besoin d’être soutenus et dirigés par les plus dignes et les moins inquiétants des réformateurs sociaux.

Donc la Commune dans sa composition, comme par son origine, devait inspirer confiance et rassurer l’opinion.

Il y avait sans doute de l’illusion et du mirage dans l’espoir qu’on mettait en elle, mais tous les gouvernements à leur origine profitent de ce crédit, et cette attente optimiste, conforme à la nature humaine, ne fit pas plus défaut aux gens du 26 mars qu’à ceux du 4 septembre.

Un des grands adversaires de la Commune, l’académicien orléaniste Hervé, directeur du Journal de Paris, a dit, en constatant cette sympathie populaire, pour lui déplorable :

On est très habitué, en France, à considérer comme définitif et légal tout gouvernement de fait. Je crois que c’est Royer-Collard qui a dit : « Il y a une grande école d’immoralité en France depuis soixante ans. » En effet, nous avons vu la force triomphante et des doctrines l’ont justifiée.

Nous sommes tellement habitués à accepter le fait accompli qu’au bout de quelque temps, pour les Parisiens qui étaient restés dans Paris, qui n’avaient pas pu le quitter, qui étaient plus parisiens que français, le gouvernement qui percevait les impôts, qui commandait, qui ordonnait, était le gouvernement régulier. Voilà une première cause.

Il y en eut une seconde. Parmi les bataillons même qui avaient pris part à la tentative de résistance sous l’amiral Saisset, il y en a qui ont consenti à marcher sous le drapeau de la Commune. Ces bataillons avaient été profondément troublés par ce qui s’était passé au moment de la tentative du boulevard. Au moment