Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/459

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seront consacrés comme les droits de toute autre ville, et je vous demande de mettre à l’ordre du jour, le plus tôt possible, la loi des attributions municipales de cette cité. Ainsi, les droits de Paris ne seront pas méconnus, mais j’entends par les principes de gouvernement, des institutions telles qu’une seule ville, quelque glorieuse, quelque considérable qu’elle soit, ne puisse pas dominer le reste de la France. Ainsi liberté pour Paris, liberté pour la France.

À ce verbiage inoffensif, M. Thiers s’empressa d’ajouter la précision d’une menace, qui réjouit l’Assemblée :

Maintenant, si je vous garantis qu’aucun principe n’est sacrifié, je puis vous garantir que tout ce que la prévoyance humaine peut faire pour que l’ordre soit matériellement rétabli, et maintenu partout, tout ce qui peut-être fait est fait, ou sera fait, et, soyez-en parfaitement convaincus, respect restera à la loi !

Abordant alors l’objet même de son discours, qui était d’affirmer qu’il ne favoriserait pas les complots monarchistes, — c’était la réponse aux rumeurs qui avaient couru de son renversement pour faire place au duc d’Aumale et préparer la restauration royale, — le chef du pouvoir exécutif, de sa voix aigrelette, qu’une sourde irritation par moments faisait grave, s’écria :

Si je demande à ceux qui sont impatients, et je le comprends, légitimement impatients d’affirmer leurs principes, si je leur demande de sacrifier leur impatience à la gravité des événements, d’un autre côté je comprends aussi la situation de ceux à qui l’on reproche de laisser soupçonner, par leur silence, des projets que les ennemis de l’ordre publie veulent attribuera cette Assemblée. En effet, les ennemis de l’ordre public disent que cette Assemblée, avec ses opinions, avec ses passions bien légitimes, médite un attentat contre l’ordre de choses établi. Eh bien, messieurs, l’une de ces assertions n’est pas plus vraie que l’autre. Je répète ici que je proclame de nouveau devant vous la politique que vous avez accueillie. Il y a, dans cette assemblée, comme dans le pays, des partis divers, et qui tous peuvent avouer leurs