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M. Thiers a exposé son plan. Nous croyons savoir en quoi il consiste, mais la discrétion est recommandée.

Et aussitôt après cette amorce à la curiosité, on lisait ces deux lignes explicatives :

Hier matin, de grandes reconnaissances de cavalerie ont été effectuées jusqu’aux portes de Paris.

C’était la dernière répétition avant le lever du rideau sur la tragédie. Dans une atmosphère de gaîté et d’espoir Paris cependant, sans alarmes, tout à la joie de la paix, fier du scrutin vainqueur, heureux du nouveau régime qui était le triomphe de la République, de la sienne, de la République des plébéiens, acclamait, sur la place de son Hôtel-de-Ville, l’entrée en scène de ses élus, vers qui montaient un cri de confiance et un hommage spontané. Au milieu des vivats, des clameurs d’enthousiasme et des salves d’honneur de l’artillerie, la foule commentait les discours mal entendus dans le joyeux vacarme de la cérémonie, regardait et se désignait les nouveaux chefs triomphants, alignés sur l’estrade pavoisée. Nul dans ce peuple en liesse ne se préoccupait de prêter l’oreille au cliquetis d’armes, faible et lointain encore, qui s’élevait du côté des bois de Versailles. Il était étouffé, insoupçonné, le piétinement sourd des escadrons de Vinoy et de Gallifet s’aventurant en reconnaissance dans les villages bordant Paris. Ainsi, dans Byzance cernée, les habitants insoucieux acclamaient les vainqueurs du cirque faisant le tour de l’arène en costume de parade, tandis que déjà les chevaux de Mohamed, flairant le sang, hennissaient aux portes de la ville.

LA PROCLAMATION DE LA COMMUNE

Ce fut une fête d’une simplicité éblouissante, une fête