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LES ALLEMANDS ET LE COMITÉ CENTRAL

La seconde excuse donnée à son inaction semble plus sérieuse. Elle n’est encore qu’une apparence. Il s’agit de la présence des Prussiens. Si le Comité, entraînant ses bataillons, après une nuit de repos, avait dirigé toutes ses forces sur Versailles d’après le plan, très bien conçu, qui fut mis à exécution, mais tardivement, le 3 avril, que serait-il arrivé ? D’abord au 19 mars, on n’aurait pas eu la panique d’avril dans la plaine du Nanterre, qui changea en déroute la marche sur Versailles. Le Mont-Valérien occupé par les fédérés eût soutenu l’attaque, au lieu de l’arrêter. Gallifet et les autres généraux versaillais, démunis de troupes ou n’ayant que des régiments sans organisation, encore sous l’impression de la démoralisation et de la débandade du 18 mars, n’eussent pas osé quitter leurs positions pour s’avancer à la rencontre des bataillons parisiens, vers Rueil et Nanterre. Ensuite, Versailles attaqué à son point vulnérable, c’est-à-dire par les coteaux de Ville-d’Avray, les bois de Fausse-Repose et de Viroflay, en passant par Clamart, Meudon, Plessis-Piquet, insuffisamment garnis de troupes, tombait facilement entre les mains des gardes nationaux. Mais alors, se dira-t-on, quelle eût été l’attitude des Prussiens ? Eussent-ils laissé prendre Versailles ?

On a affirmé qu’ils fussent intervenus dans cette éventualité, et que Paris et la France eussent été écrasés par les Allemands, maîtres des forts et occupant un tiers du territoire. C’est l’opinion qu’un des plus judicieux observateurs de l’époque, Arthur Arnould, membre de la Commune, a exprimée dans son livre :

Devant une révolution générale, les Prussiens seraient intervenus. « Et mes milliards ! Qui me les paiera ? » auraient-ils dit. Il me faut un gage, une garantie. Ce gage, cette garantie, je ne