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LEFRANÇAIS

Lefrançais, qui fut le premier président élu de la Commune, appartenait, comme le président d’âge à la bourgeoisie. Il avait été instituteur à Macon, et était devenu comptable intéressé dans une entreprise rivale de la célèbre maison Richer, ce qui lui valut de la part des échotiers des feuilles réactionnaires d’interminables et sottes plaisanteries. C’était un proscrit de 51.

Gustave Lefrançois, dit Lefrançais, était né à Angers, le 28 janvier 1826. Il était de taille plutôt petite, courtaud, d’aspect vigoureux, très barbu, les cheveux épais et très noirs, la tête fine et la physionomie intelligente et grave, ne paraissant point son âge. Il imposait l’attention et les égards par la dignité tranquille de son maintien et l’assurance de ses affirmations. Sa parole était nette et précise. Sans emballement, il débitait les formules es plus hardies, et froidement énonçait les plus violentes mesures, qu’il eût été d’ailleurs incapable d’exécuter. C’était un terroriste en paroles et un exécuteur des œuvres de la République d’utopie. Les solennels et les gourmés en imposent toujours aux assemblées parlantes. L’autorité de ce magister, qui présida comme il eût fait la classe, était grande sur la Commune.

Il avait vécu en Suisse, à la suite des événements de décembre, et y avait pris le ponctualité et le prudence des négociants génevois. Rentré en France, il s’occupa d’affaires commerciales ; il se sépara de son associé, Chéron, à la suite d’un procès qu’il gagna. Dès que la tribune fut rendue au peuple, il s’y montra, et fut, avec Briosne, l’orateur le plus applaudi des réunions publiques.

Au Pré-aux-Clercs, à la Redoute, et au Waux-Hall, il développa ses théories sur la propriété, sur l’hérédité, sur l’u-