Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/507

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communisme bien des esprits peu éclairés que l’habileté de son argumentation avait séduits. Au 4 septembre, il continua d’être comme aux élections de 1869, l’adversaire acharné des députés de la gauche auxquels il avait maintes fois reproché, dans des réunions tenues chez Budaille, au boulevard Clichy, d’ignorer complètement les questions sociales et de les étouffer dans leurs vagues et banales revendications politiques.

Un autre biographe, M. Paul Delion, l’a ainsi défini :

Révolutionnaire au dehors et père de famille au dedans, dénonçant le mariage comme immoral et la propriété comme un vol, dans les salles de bal transformées en salles de prêche, mais une fois rentré chez lui, doux et bon, aimant particulièrement les petits enfants, leur faisant des joujoux, et incapable de la moindre indélicatesse à l’endroit de cette propriété qu’il vient de décrier, tel est Lefrançais… Il joua un rôle important dans la Commune et eut le bon sens de s’opposer aux violences des écervelés qui l’entouraient…

(Paul Delion. Les Membres de La Commune, p. 124.)

Lefrançais, nommé membre de la Commission exécutive, fit ensuite partie de la Commission des finances, où il se trouvait mieux à sa place. Cet homme de bureau, ce comptable, était très brave. Il le prouva, en allant se promener tranquillement, au pas, sans broncher ni pâlir, à la Porte-Maillot, le long des fortifications, d’un secteur à l’autre, sous une pluie de projectiles, à la suite d’un article de Vermersch dans le Père Duchéne, où il était dit que les membres de la Commune avaient eu peur d’aller au feu. Il avait proposé, en guise de duel, la promenade périlleuse à son critique, qui ne jugea pas à propos d’accepter cette rencontre à l’obus.

Mais, comme l’a dit Gaston Da Costa, ce philosophe, ce théoricien du communisme, ce propagandiste de l’Internationale, n’était pas un homme d’action. Or ce n’était pas