Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/54

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Dans tous les cas, je vous déclare que, avant peu de jours, j’aurai donné satisfaction à Votre Excellence. »

Comme je vous le disais, j’ai envoyé cette lettre et la dépêche du chancelier prussien à M. Tirard, maire du deuxième arrondissement, qui depuis quelques jours accomplit sa mission avec un courage qui mérite nos éloges.

M. Tirard m’a répondu qu’il communiquerait cette lettre à ses collègues de Paris. En même temps il m’est arrivé de l’état major prussien un télégramme que je ne puis vous communiquer. Qu’il me suffise de vous dire qu’on me fait espérer que les mesures qu’on m’annonçait ce matin ne seront que comminatoires.

Il n’y avait là, en effet, qu’une menace. Le général von Fabrice, mal informé ou désireux d’affirmer son pouvoir, en saisissant l’occasion de faire la grosse voix, avait feint de prendre au sérieux un de ces incidents fréquents aux frontières, qui était survenu aux environs de Pantin. Il s’agissait du renversement d’un poteau télégraphique, fait accidentel auquel le gouvernement parisien, comme celui de Versailles d’ailleurs, étaient étrangers. La lettre impérieuse du général allemand était venue à propos pour Jules Favre, dont elle favorisait les emphatiques diatribes. Le ministre perfide osa même provoquer l’intervention allemande, en s’écriant à la tribune :

Il s’agit de savoir si en temporisant avec l’émeute vous voulez donner à l’étranger le droit de la réprimer. Eh bien, messieurs, en face d’une pareille éventualité, comprenez-vous quelle peut être l’émotion de la ville de Paris, les inquiétudes de l’Europe ? que sommes-nous en effet, et comment pouvons-nous donner caution de notre solvabilité, quand nous voyons un orage, des bas fonds de la société, monter jusqu’à la majorité populaire, représentée par cette assemblée et essayer de la renverser ?…

Avec sa méchante rhétorique et l’aveu public que « la solvabilité de la France pouvait être mise en doute » à la suite d’un changement de régime, Jules Favre, au nom du gou-