Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/53

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Je vous disais hier, continua Jules Favre, que l’attitude d’une partie de la population de Paris faisait courir à la France les risques d’une reprise d’hostilités ; je vous faisais même pressentir le danger que, devant l’absence de garanties que la situation présente, les Prussiens ne traitassent Paris en ville ennemie. Mes pressentiments n’étaient hélas ! que trop justes. Au moment même où je descendais de la tribune, je recevais de la chancellerie de la Confédération du Nord une dépêche assez peu rassurante. J’en ai reçu une autre ce matin, que j’ai envoyée à l’un des maires de Paris avec ma réponse. La voici :

Le général Von Fabrice à S. Exc. M. Jules Favre.

Rouen, le 22 mars, 12 h. 20.

« J’ai l’honneur d’informer Votre Excellence que, en présence des événements qui viennent de se passer à Paris et qui n’assurent presque plus l’exécution des conventions dans la suite, le commandant supérieur de l’armée devant Paris interdit l’approche de nos lignes devant les forts occupés par nous, réclame le rétablissement dans les vingt-quatre heures des télégraphes détruits à Pantin.

Nous serions obligés d’agir militairement et de traiter en ennemie la ville de Paris, si Paris use encore de procédés en contradiction avec les pourparlers engagés et les préliminaires de paix, ce qui entrainerait l’ouverture du feu des forts occupés par nous. »

Signé : Fabrice.

M. de Bismarck étant en Prusse, cette lettre est signée par celui qui le remplace.

J’ai immédiatement répondu que : « L’émeute n’avait été qu’une surprise, et que les départements sont unanimes à la condamner et à nous promettre leur concours pour l’exécution des clauses stipulées dans le traité de paix. Si le gouvernement ne réprime pas, demain même, la faction qui siège à l’Hôtel-de-Ville, c’est pour éviter l’effusion du sang. Nos promesses seront rigoureusement exécutées. Pour ce qui est du télégraphe de Pantin, nous sommes dans l’impossibilité de remédier à l’accident ; j’en fais part aux maires qui feront tout leur possible pour le rétablir.