Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/60

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d’être eux-mêmes cette autorité régularisée. Perdant de vue le vrai danger, le but véritable, ils ne songèrent qu’à organiser leur pouvoir insurrectionnel et à lui donner le caractère légal d’une assemblée communale, comme celles dont ils avaient le souvenir et dont les révolutions précédentes leur offraient le modèle. Ils s’exagéraient l’importance de cette légalisation par le suffrage universel. Ils connaissaient trop l’histoire. Ils se trouvaient à l’Hôtel-de-Ville par la force insurrectionnelle, comme leurs pères s’y installèrent après le dix août. Ils voulurent, comme eux, introduire use Commune élue, dont ils pensaient être les Danton, les Hébert et peut-être les Marat. Ils recherchaient la force des suffrages ; ayant la force des fusils, ils auraient dû s’en contenter jusqu’à la victoire complète.

L’imitation historique a fait bien du mal en diverses époques. Paris, en 1871, a éprouvé surtout le danger qu’il y a, pour les hommes d’une génération, à vouloir décroche : dans l’armoire du temps la friperie des révolutionnaires : défunts. À situation neuve, il fallait des procédés nouveaux, et ne pas chercher à recommencer les révolutions du passé : quand on devait au contraire avoir pour tâche et pour objectif de faire la révolution moderne.

ARTHUR ARNOULD

Arthur Arnould, et ceux qui ont écrit après lui, approuvant l’inertie du Comité Central, et la justifiant par la crainte de déchaîner un effroyable retour offensif des Prussiens ; par le désir de légaliser par le suffrage universel leur mandat de fait, se sont donc trompés. Arthur Arnould fut toutefois un des plus clairvoyants dans l’appréciation de événements et de ces difficultés, où le péril se voyait partout, le salut nulle part. L’auteur de l’Histoire populaire.