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nion insoupçonnée des contemporains. Ceux qui assistaient aux événements émirent le même avis sur l’invraisemblance de cette intervention et du bombardement suggérés par Jules Favre.

Le Rappel du jeudi 23 mars 1871 émettait semblable jugement sur la réalité de cette menace, et publiait la note suivante :

Voici qui doit faire rêver M. Jules Favre :

L’organe de M. de Bismarck, La Gazette de l’Allemagne du Nord, se dit hautement satisfaite de la déclaration du Comité central exprimant l’intention de respecter les préliminaires de paix.

La Gazette dit textuellement :

« Il est de la plus grande importance pour nous que le nouveau gouvernement du Comité Central à Paris ait aussi l’intention d’exécuter le traité de paix. »

Nous pouvons donc tranquillement attendre la marche ultérieure des choses.

Le Rappel et ses lecteurs n’étaient certainement pas seuls à ne pas croire au péril prussien, à contester la reprise du bombardement pour faire plaisir à M. Thiers ; l’affaire insignifiante du poteau renversé n’inquiétait personne quand elle fut connue à Paris ; en Allemagne, elle passa inaperçue. Cette opinion du journal républicain, d’ailleurs nullement inféodé au Comité Central et dont l’altitude fut plutôt hostile envers la Commune, mais avec prudence et discrétion, ne souleva ni polémique ni protestations.

Le Comité Central eut le grand tort de prendre le prétexte de la peur des Prussiens pour excuser son inaction. Sa faute reste entière. Elle n’est explicable que par l’embarras et l’irrésolution qui animaient ses membres. Ils se trouvaient comme dépaysés à l’Hôtel-de-Ville. Ils avaient hâte de s’abriter derrière une autorité régulière, ou plutôt