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devenu chef de bureau, en 1851. Suspect comme républicain, il donna sa démission et se livra au commerce. Membre du conseil des Prudhommes en 1868, il se fit remarquer dans les réunions parmi les adversaires de la candidature d’Émile Ollivier, dans la 3e circonscription de Paris. Son adhésion au Comité Bancel l’ayant signalé comme militant, il fut, au 4 septembre, désigné pour la mairie du IIe et fut élu ensuite maire, au vote qui suivit le 31 octobre. Il s’était montré ardent partisan de Trochu. Aux élections du 8 février, il fut envoyé à l’Assemblée nationale, l’un des derniers de la liste parisienne. Il vola contre la paix.

Il ne faut pas trop prendre au sérieux ce vote énergique. Ce dauphinois, élevé à Genève, passait pour un finaud. Il se doutait bien qu’une majorité écrasante se prononcerait contre la continuation de la guerre. Tout en souhaitant de ne pas voir son vote l’emporter, il voulait, vis-à-vis de ses électeurs parisiens, dont il connaissait les sentiments, conserver le bénéfice d’un patriotisme irréductible, qui ne consentait pas à démembrer la patrie. Il vota donc la guerre, enchanté de n’être pas pris au mot.

Il fut l’âme de la résistance réactionnaire, après le Dix-Huit mars. Ce fut lui qui organisa, soutenant le débile Saisset, le commencement de guerre civile dans les quartiers du centre, que la mollesse et le peu de goût pour la bataille, que manifestèrent les gardes nationaux, dits de l’ordre, firent piteusement avorter.

Il fut élu membre de la Commune, le 26 mars, dans son arrondissement, par 6,386 voix. Il se présenta hardiment le jour de la première séance à l’Hôtel-de-Ville, et courageusement protesta contre le Comité Central et contre l’usurpation des droits politiques par la Commune. Cette attitude ne manquait pas de crânerie. C’était une provocation qui pouvait, sans doute, servir les desseins de M. Thiers, mais