Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

environ, et deux escadrons de chasseurs. M. de l’Espée fit battre le rappel, rassembla quelques gardes nationaux fidèles, et demanda au général Lavoye, commandant la subdivision, de concentrer toutes les troupes dont il dis= posait sur la place de l’Hôtel-de-Ville. En même temps, il lança une proclamation menaçante :

Arrivé cette nuit dans les murs de votre chef-lieu, disait-il, j’ai trouvé des factieux tentant des attentats contre les lois de la République. L’Hôtel-de-Ville a été envahi, des magistrats municipaux, le chef de la garde nationale ont été retenus prisonniers Ayant pu rester libre, et puissamment secondé par l’autorité militaire, j’ai pu convoquer la garde nationale. La seule apparition de quelques bataillons a déterminé la retraite des séditieux.

En me faisant l’honneur de me confier l’administration de votre département, le gouvernement de la République a compté que je suivrais avec fermeté le programme de liberté, de conciliation et d’ordre qu’il se propose de maintenir, et que j’affirme, en son nom comme au mien, Sur le terrain consacre par le suffrage universel, je fais appel au concours de tous les bons citoyens, et je les prie de singer que leur inaction pourrait rendre impossible de relever la France.

Ce langage creux et comminatoire, où le nouveau préfet faisait appel à la guerre civile, n’était pas de nature à apaiser les esprits. Le lendemain matin, 25 mars, après avoir pris connaissance de cette proclamation, les manifestants se rassemblent de nouveau et viennent réclamer du conseil municipal l’exécution de la promesse faite la veille, c’est-à-dire des élections, en posant la question de la Commune : La réponse affirmative à ce plébiscite municipal ne faisait aucun doute. Aussi le préfet, un lorrain, ancien ingénieur, accoutumé à commander durement aux ouvriers d’usines, disposé à ne tenir aucun compte de ce qu’ils formulaient, refusa de laisser soumettre la question aux électeurs. Les