Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sentant le gouvernement et le Comité Central, jugèrent inutile de continuer la lutte. Ils ouvrirent les portes de l’Hôtel-de-Ville au préfet, qui en reprit possession. Il n’y eut donc au Creuzot aucun événement sérieux. Une simple effervescence de la population ouvrière. Le maire du Creuzot fut seulement mis en arrestation.

§ VII. — La Commune à Marseille

GASTON CRÉMIEUX

À Marseille seulement un mouvement sérieux se produisit au nom de la Commune. La grande ville maritime et commerciale de la Méditerranée était en agitation depuis le 4 septembre, on pourrait dire depuis toujours. Cette active cité semble, même dans les calmes périodes, en gestation d’une émeute. Elle n’attend pas le mot d’ordre de Paris. Elle affecta même, en diverses circonstances, de s’en passer. Ainsi elle devança la capitale, le 8 août 1870, en proclamant un mouvement insurrectionnel, d’ailleurs éphémère. Gaston Crémieux était alors à la tête des émeutiers, et ce fut là une première occasion pour lui de se signaler aux vengeances futures de la réaction.

C’est la figure qui se détache, intéressante et tragique, de l’ensemble des acteurs et des comparses de l’époque troublée qui suivit le 18 mars, à Marseille.

Gaston Crémieux était né à Nîmes le 22 juin 1836. Après de bonnes études au lycée de cette ville, il fut reçu avocat à Aix, vint plaider à Nîmes, puis s’installa à Marseille. Il parlait avec une grande précision, contrastant avec la volubilité redondante en honneur au barreau