Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/146

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marseillais. C’était un homme de manières aisées, au allures correctes, portant les courts favoris alors professionnels pour les avocats, d’aspect très posé, très bougeoirs. Il se chargeait volontiers des causes peu rémunératrices, et ses confrères dédaigneusement l’avait su nommé « l’avocat des pauvres ». Il acceptait, sans ostentation, cette désignation d’intention moqueuse, et la prenait au sérieux. Il fut l’un des ardents promoteurs dei candidature Gambetta aux élections de 1869, et contribua fortement au succès du jeune tribun parisien. À partir de cette campagne, Gaston Crémieux fut au premier rang des militants républicains des Bouches-du-Rhône. Poursuivi comme l’instigateur de l’émeute du 8 août, il fut condamné à quatre mois de prison. Le 4 septembre le trouva en prison et lui apporta la délivrance. Par un retour de fortune, le détenu de la veille devint procureur de la république. Il était remplacé, quand le 18 mars éclata Paris. Gaston Crémieux, dès les premières nouvelles organisa une grande réunion, salle de l’Eldorado. Il harangua l’auditoire frémissant. De sa voix sonore, qui avait empli et stupéfié l’Assemblée de Bordeaux huant Garibaldi, cette voix qui avait lancé l’épithète vengeresse et qui est restée : « Vous n’êtes que des ruraux ! » Crémieux cria : « Marseille est avec Paris ! Vive la Commune ! » Le maire Bory, républicain modéré, et le général Espivent de la Villeboisnet, réactionnaire endurci, pour résister à ce mouvement en faveur de Paris et de la Commune, décidèrent de provoquer une manifestation de la garde nationale en faveur de Versailles.

LA COMMISSION PROVISOIRE

Le 23 mars, par l’ordre du général et du maire, on bat