Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/172

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tait, leurs patrouilles de cavalerie battaient les environs. Le Mont-Valérien protégeait tout ce coin de banlieue. Avec ce gardien, dogue qu’on croyait fidèle, inoffensif tout au moins, les promeneurs en banlieue n’avait rien à craindre.

La Commune devait siéger dans la journée, et l’on annonçait qu’une proposition de Félix Pyat serait discutée, tendant à la séparation des Églises et de l’État. Nul, parmi les gardes nationaux, et même personne à l’Hôtel-de-Ville, ne s’attendait à un combat, au moins ce jour-là. Aucune disposition militaire sérieuse n’apparaissait prise pour une action offensive, ni pour repousser une attaque, prévue cependant, mais dont on ajournait l’échéance à une époque plus ou moins proche. Le rappel n’avait pas été battu, les mairies gardaient leur va-et-vient ordinaire, plus calme à raison du dimanche. On n’éprouvait nul fâcheux pressentiment, on n’entrevoyait même aucun motif d’inquiétude immédiate. C’était encore un dimanche de gagué. Il convenait d’en profiter, après on verrait. Tout s’arrangerait probablement.

Au ministère de la guerre, cependant, les trois généraux Bergeret, Duval et Eudes avaient envisagé un projet de sortie en masse, et s’étaient secrètement concernés, mais sans ordonner des concentrations, des mobilisations, sans rien préparer pour la réussite de ce premier contact. C’était un projet, en soi, raisonnable. On avait évidemment beaucoup trop tardé pour l’exécuter. Toutefois, en combinant heureusement les chances, en dressant un plan habile où tout serait prévu, où rien ne serait laissé à l’aventure, et en rassemblant à l’avance toutes les forces, tous les services auxiliaires nécessaires, en tombant surtout à l’improviste, et de nuit, sur les avant-postes ennemis, la marche sur Versailles pouvait devenir victorieuse. On aurait tout au moins l’avantage d’arrêter, d’effrayer l’adversaire, Cette