Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sortie entraînerait Les bataillons parisiens et leur donnerait espoir et confiance. Les trois généraux, impatients de prouver leurs talents militaires et de justifier leur haut commandement, voulaient hâter ce mouvement. Ils n’étaient pas téméraires ni blâmables en se concertant pour une marche en avant, qui seule pouvait changer la situation devenue chaque jour plus inquiétante, avec les préparatifs ostensibles de M. Thiers, et la concentration des renforts venus d’Allemagne, qu’on savait massés sous Paris, dont on pouvait prévoir une incursion prochaine.

Le tort des trois chefs fut d’abord de ne pas s’assurer du Mont-Valérien, pour l’occuper ou l’éviter.

L’imprévoyance et l’oubli des précautions élémentaires, pour une marche en avant comme celle qu’on projetait, accompagnaient encore malheureusement les conceptions agressives des trois généraux. En cela surtout, ils furent blâmables. Versailles d’ailleurs ne leur laissa pas le temps de mûrir et de bien combiner leur projet. L’attaque eut lieu, de son côté, dans la matinée du dimanche 2 avril, et ce fut pour les parisiens une surprise. Beaucoup, entendant le canon, crurent de bonne foi qu’il s’agissait de salves d’artillerie en l’honneur d’une fête de la Fédération de la Garde Nationale, annoncée comme devant avoir lieu au Champ-de-Mars. La reconnaissance rationnelle et utile du 2 avril aboutit à une sorte d’embuscade, dans laquelle, imprudemment conduits, les fédérés se trouvèrent jetés.

Il est inexact de dire, comme l’ont écrit les journaux et les narrateurs de Versailles, que les gardes nationaux commencèrent le feu brusquement en tuant un parlementaire. D’un autre côté les fédérés dirigés sur le rond-point de Courbevoie ne peuvent être considérés comme ayant été l’objet d’une véritable surprise, puisqu’ils prenaient la route de Versailles pour tenter la reconnaissance décidée.