Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/282

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ment à Versailles. La triste colonne se met en route. En arrivant au Petit-Bicêtre, Vinoy, le général en chef, est croisé, venant avec son état-major pour visiter le plateau conquis. La colonne reçoit l’ordre de faire halte. Quelques hommes, reconnus ou dénoncés comme ayant appartenu à l’armée, sont poussés hors des rangs et immédiatement fusillés, Des cris de protestation s’élèvent : les fédérés invoquent la parole donnée et répètent que le général Pellé a promis que ceux qui se rendraient seraient épargnés. Un officier supérieur s’approche alors du général en chef et lui confirme l’engagement pris par le général Pellé. Vinoy réfléchit un instant, puis demande, à très haute voix, s’il y avait un chef parmi ces prisonniers. Alors une scène brève où la froide cruauté se mêle à l’héroïsme. La voici telle qu’elle est constatée dans l’Enquête parlementaire, d’après un des officiers qui y avait assisté :

Le Vicomte de Meaux, l’un des commissaires dans l’enquête, demande au témoin : Pouvez-vous me donner quelques renseignements sur Duval ?

Le Colonel Lambert. — Je ne pourrais pas vous rapporter ses paroles. Il a paru très énergique.

M. Vacherot. — Vous avez vu fusiller les prisonniers ?

Le Colonel Lambert. — Oui. Moi-même j’en ai laissé fusiller deux qui excitaient encore les soldats à ne pas faire leur devoir, au moment où nous arrivions sur eux, au pied de la redoute de Châtillon.

Le Vie de Meaux. — Sur 1.500 hommes combien ont été fusillés ?

Le Colonel Lambert. — Je ne pourrais pas vous le dire, mais bien peu.

Le Marquis de Quinsonnas. — Oh ! très peu !

M. Vacherot.. — On a dit que Duval avait commencé le feu contre nos deux généraux.

Le Colonel Lambert. — Quand la troupe de Duval a été prise, le général Vinoy a demandé : « Y a-t-il un chef ? » Il est sorti