Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

après avoir raconté la mort de Duval, comme nous venons de la relater, ajoute le détail suivant :

Duval chancela, pencha d’abord en avant, puis se rejeta en arrière, étendu de tout son long et paraissant fort grand dans la majesté de la mort. Aussitôt un cavalier de l’escorte de Vinoy se précipita sur le cadavre et lui arracha ses bottes qu’il porta devant la colonne, burlant devant Vinoy : « Qui veut les bottes à Duval ? » Vinoy semble avoir cherché à éviter le bruit autour de ce fait d’armes. Très laconiquement, il a dit dans son ouvrage : Armistice et Commune : « Quinze cents gardes nationaux restèrent entre nos mains, avec leurs fusils et leurs canons. Leur chef, le nommé Duval, est tué pendant l’affaire.

Vinoy n’a pas osé avouer que Duval, prisonnier, dont la vie, par conséquent, devait être respectée, avait été passé par les armes avec son chef d’état-major et un autre officier fédéré, le commandant des volontaires de Montrouge, qui tous deux s’étaient nommés et livrés, se fiant à la parole donnée par le général Pellé. Galliffet fut plus franc dans son ordre du jour de Chatou.

Sans justifier les représailles ultérieures des défenseurs exaspérés de Paris, l’Histoire doit noter que des généraux français, dès la première bataille, sans nécessité, sans péril pressant, et après le combat, fusillèrent des prisonniers, des vaincus sans défense, à qui un autre général avait promis la vie s’ils rendaient leurs armes, ce qu’ils avaient fait.

PROTESTATION DE LA COMMUNE

La Commission exécutive protesta contre ces excès par cette proclamation, qui fut affichée dès le lendemain :

Les monarchistes qui siègent à Versailles ne nous font pas une guerre d’hommes civilisés, ils nous font une guerre de sauvages.

Ils fusillent les prisonniers, égorgent les blessés, tirent sur les ambulances.