Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/311

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en sûreté. Il avait trouvé asile chez une amie, Mlle Accard, demeurant rue Notre-Dame-de-Lorette. Dans tout ce quartier on faisait des perquisitions, et la maison où Paschal Grousset avait trouvé asile fut envahie, probablement sur une dénonciation spéciale. L’hôtesse entendant la rumeur des hommes à brassards tricolores dans l’escalier, frappant aux portes avec la crosse des fusils, alla ouvrir, après avoir engagé Grousset à se cacher dans un cabinet sombre où étaient pendues ses robes. Elle lui recommanda de ne pas bouger. Ce n’était pas la première fois qu’on perquisitionnait dans la maison. Sans doute les policiers volontaires, que lançait le prévôt de l’arrondissement, le fameux Charpentier, se retireraient, cette fois encore, après une rapide investigation. Grousset se cacha donc comme il lui était conseillé, et s’enfouit sous les différentes pièces du costume féminin qui se trouvaient accrochées dans le réduit obscur. Mais cette fois, les brassards tricolores, accompagnés de deux inspecteurs du commissariat, mieux renseignés, prolongèrent leur perquisition, fouillèrent minutieusement l’appartement. Ils découvrirent ainsi Paschal Grousset et le tirèrent violemment de sa cachette. Il entraina, dans cette poussée brutale, les jupes et les corsages parmi lesquelles il se tenait blotti. Telle fut l’origine, telle est l’explication de la légende. Mais Paschal Grousset eût-il été, comme on l’a raconté, habillé en femme, déguisement invraisemblable avec sa physionomie régulière mais virile et ses moustaches noires, que ce costume d’emprunt, qui fut celui sous lequel s’accomplit la fameuse évasion de Lavalette en 1815, n’eût pas été plus risible, en un tel moment, que la perruque et les lunettes bleues de l’amiral Saisset, deux mois auparavant, s’évadant à pied de Paris, en tenant ostensiblement à la main, pour passer devant le poste des fédérés inoffensifs, à la porte d’octroi, un numéro