Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/361

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pas continué, achevé la déroute du 18 mars, en se portant dès le lendemain, ou au plus tard le surlendemain, sur Versailles, a permis à l’armée d’être reconstituée, augmentée. Grâce à cette inaction de Paris, au répit accordé à Versailles, grâce aussi à la bonne volonté de l’Allemagne, l’armée a pu acquérir une supériorité numérique et une confiance qui lui faisaient défaut. Ainsi les deux semaines perdues en négociations avec les maires et en diversions électorales ont permis la formation de l’armée de 130,000 hommes.

4o — La victoire de la Commune, ou du moins de l’idée communaliste représenté par le Comité Central, était difficile après les journées d’avril ; elle devint impossible quand l’armée fut renforcée et dès que les combats eurent lieu sous les murs mêmes de Paris. Elle était, au contraire, dans la première semaine de l’insurrection, facile et certaine, quand M. Thiers ne disposait que de 22,000 hommes peu sûrs, sauf la division Faron, et quelques gendarmes.

5o — La défaite de la Commune, malgré toutes les fautes commises et toutes les causes accessoires et contingentes, malgré des incapacités et des divisions intestines, malgré des incapacités évidentes dans le commandement, dans l’administration, malgré même l’abstention de la province et l’isolement de Paris, est donc due à l’infériorité numérique considérable des fédérés. Par conséquent, la déroute successive et l’écrasement final eurent pour cause directe et absolue l’inertie des chefs parisiens ayant laissé passer l’heure favorable de l’attaque et permis le rassemblement d’une armée. M. Thiers ne pouvait opérer s’il avait été attaqué plus tôt. L’Allemagne n’eût même pas songé à faciliter ces renforts, n’eût pas eu le temps de les expédier, et, dès le 20 mars, Versailles eût été cerné et l’Assemblée dispersée.

Ainsi le Comité Central par son inaction, M. Thiers par