Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son activité, l’Allemagne par son intervention complaisante, voilà, avant toutes choses, les principaux et décisifs facteurs de la défaite de la Commune.

Complétant son explication sur les renforts qu’il obtint successivement, M. Thiers dit à la Commission d’Enquête qu’après avoir donné le total de son effectif disponible au lendemain de son arrivée à Versailles, il fit venir des troupes de toutes parts, si bien qu’en peu de jours il fut non pas rassuré sur la possibilité d’emporter Paris, mais sur le danger d’être assailli à Versailles par une masse de « forcenés ».

L’opinion générale, ajouta-t-il, était qu’il ne fallait pas perdre de temps : mais on comprenait aussi qu’il y aurait danger à faire une tentative prématurée, car si un malheur était arrivé sous les murs de Paris, il était impossible de compter sur rien.

L’Assemblée crut qu’il fallait demander des volontaires, tout le monde était de cet avis. Je reconnus bientôt que le pays était tellement abattu par les désastres de toute nature qui avaient fondu sur lui, qu’il ne fallait pas compter sur une mesure semblable. Les mobiles ne valaient pas grand’chose. Ils étaient découragés ; une fois la paix signée, ils étaient rentrés chez eux. Il ne vint pas un seul bataillon de volontaires, mais il restait les débris de nos armées, je me hâtai de les réunir, de les réorganiser, et c’est avec ces débris-là que je composai l’armée qui est parvenue à arracher Paris à la révolte. Dès que je fus parvenu à réunir 50,000 hommes, je me dis que le moment était venu de donner une leçon aux insurgés…

M. Thiers fit alors à la Commission le récit des combats des 2, 3 et 4 avril à Neuilly, à Courbevoie, dans les plaines de Rueil et de Nanterre, et du côté de Vanves, Meudon et Chatillon. Il déclara qu’il n’avait pas mis en ligne 50,000 hommes, mais seulement 30,000. les autres étant restés à Versailles et vers les forts du sud. Il s’abstint cependant d’agir immédiatement sur Paris, après ces premiers suc-