Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/385

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mesure de rigueur furent d’abord l’échec de la marche sur Versailles. La Commission exécutive était toute imprégnée des traditions de la Révolution. On traduisait au tribunal révolutionnaire, alors, pour être guillotinés, les généraux coupables de s’être laissés battre. Cette rigoureuse sanction de la défaite fut certainement souvent un stimulant et força la victoire. On eut beaucoup de peine, par la suite, à obtenir un emprisonnement, doux et peu surveillé, devant aboutir à une prompte et facile évasion, pour Bazaine, convaincu de haute trahison. Bergeret avait été battu, cela suffisait pour qu’on songeât à lui appliquer, mais avec modération, le traitement que la Convention réservait à ses généraux reconnus non pas même pour des traîtres, mais comme des incapables ou des imprudents. Une autre raison décida la Commission à ordonner l’arrestation de Bergeret. Elle retint qu’il avait proféré des menaces contre la Commune, pour le cas où elle le ferait arrêter. Il avait vanté sa popularité et exagéré l’influence dont il disposait. Il avait même annoncé une résistance armée aux mesures qui seraient prises contre lui, se targuant de l’appui des bataillons qu’il prétendait lui être aveuglément dévoués. Ce langage et cette attitude ne pouvaient être tolérés. L’infatuation de Bergeret « lui-même », sa nullité militaire désormais avérée, et l’imprévoyance avec laquelle il avait combiné et dirigé la sortie étaient des motifs suffisants pour justifier devant l’opinion la mesure dont il fut l’objet. Elle ne produisit aucune émotion, et n’eut guère de suites : Bergeret ne souleva aucun bataillon, pas un garde national ne se prononça pour lui, et à son sujet ni menaces ni récriminations ne se produisirent contre la Commune, Après un court séjour en prison, sa détention ne fut pas maintenue. On donna même un commandement au prisonnier de la veille, qui fit sa soumission, très humblement.