Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/390

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{{t|Afin d’obéir à une raison d’état de votre parti, sinon à une odieuse rancune personnelle, vous n’avez pas hésité à briser le cœur d’une veuve, vous avez essayé de souiller la mémoire d’un mort, vous avez voulu déshonorer ses pauvres enfants, qui de longtemps encore ne pourront vous demander satisfaction de vos calomnies.

Je vous défie, monsieur le général, de justifier votre accusation, de l’appuyer, non pas même sur des preuves, mais sur des présomptions, et ce seul objet a engagé la veuve du général Dombrowski, la seule protectrice actuelle de ses enfants, à prendre note de calomnies qui la blessent, l’outragent dans ses plus chères affections de mère, d’épouse et de patriote.

pélagie dombrowska.

Dombrowski fut la victime d’autres calomnies et d’accusations aussi absurdes, aussi injustifiées que celle dont sa mémoire fut l’objet de la part du pieux général breton, vexé que l’ancien officier de l’école militaire russe eût raillé sa prétention de protéger Paris contre les obus allemands, au moyen d’une neuvaine à sainte Geneviève.

Il fut accusé par la réaction d’avoir fabriqué des faux billets de banque russe. C’était une sotte invention. Dombrowski n’avait pas même connu la fabrication de faux billets russes émis dans un but de lutte politique, et comme un instrument de guerre, par des réfugiés pour le compte de l’insurrection. Les tribunaux français le mirent deux fois hors de cause dans le procès intenté aux inculpés sur la plainte du gouvernement russe.

Une autre accusation, d’apparence plus sérieuse, propagée par la réaction, a longtemps pesé sur la mémoire du vaillant militaire. On a prétendu qu’il avait entretenu, en mai 71, des intrigues scélérates avec Versailles, et qu’il s’était engagé à livrer une ou plusieurs portes de Paris moyennant 500,000 francs. Cette imputation déshonorante a été formulée par l’amiral Saisset, dans sa déposition à