Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/389

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saire. Si vous pouviez le faire sortir en ballon, je vous en serais bien reconnaissant. — Garibaldi. » Cette demande, et l’insistance de Garibaldi indiquée par la réclamation de la voie aérienne pour expédier l’auxiliaire qu’il attendait, prouvent combien Dombrowski était apprécié comme militaire. À Paris, pendant le siège, il voulut offrir ses services à la Défense. On les refusa. Il écrivit alors des articles militaires et fit une conférence, où il critiquait l’inaction de Trochu. Il s’efforça, quand sa femme qui était tombée malade fut rétablie, de franchir les lignes prussiennes pour se rendre auprès de Garibaldi. Trochu avait gardé rancune de la conférence du stratégiste étranger. Dombrowski cherchant à gagner Lyon, fut par son ordre arrêté comme espion prussien ! Trochu devait, par la suite, reproduire cette inepte accusation à la tribune de l’Assemblée nationale, ce qui lui attira une verte et noble réponse de Mme Dombrowska, la veuve du général :

Dans votre dernier discours prononcé à l’Assemblée de Versailles, écrivit-elle à Trochu, vous avez accusé mon mari d’avoir joué le rôle d’un espion prussien pendant le siège de Paris. La seule preuve que vous avez fournie à l’appui de votre accusation, c’est que vous l’avez fait arrêter comme tel. Votre devoir était d’ajouter qu’avant d’avoir été arrêté aux avant-postes français, quoiqu’il fût muni d’un laissez-passer qui lui avait été délivré par votre propre gouvernement, le général Dombrowski vous avait demandé la permission de combattre pour la France dans l’armée de Paris. Vous auriez dû dire aussi qu’avant d’avoir essayé de franchir les ligotes prussiennes, pour se joindre au général Garibaldi, qui l’avait invité à venir prendre place dans les rangs de son armée, mon mari avait, dans son discours et dans une brochure que vous ne lui avez jamais pardonné d’avoir écrite, essayé de faire de la défense de Paris autre chose qu’une sanglante comédie… Il ne faut pas oublier non plus, monsieur le général, que les hommes tels que vous abhorrent les hommes comme Dombrowski.