Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LIVRE II

LA COMMUNE DANS LES DÉPARTEMENTS

PARIS ISOLÉ

Paris agit seul, le Dix-Huit mars. Il demeura isolé au lendemain de l’insurrection. Cette solitude ne l’émut guère. Maître des services d’une grande capitale par la fuite du gouvernement, il se considéra comme indépendant. Il avait été si longuement séparé de la province, si accoutumé à l’oublier, à ne pas prendre conseil d’elle, qu’il se comporta les jours qui suivirent sa soudaine émancipation comme si la capitale était la France entière. Les parisiens pensèrent, agirent, décidèrent comme s’ils n’avaient rien à demander aux départements et rien à attendre d’eux. Paris confondit l’indépendance avec l’isolement. Ce fut une faute lourde, et penser ainsi était une sottise.

Il faut excuser cette mentalité, conséquence de la solitude obsidionale.

Si la Révolution au 18 mars eût été le résultat d’une conspiration mûrie lentement, si elle eût éclaté comme l’exécution d’un plan combiné à l’avance, les conjurés eussent certainement noué antérieurement des relations plus ou moins secrètes avec les militants départementaux,