Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/363

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même une lueur d’espoir, mais je ne soufflai mot de mes tentatives. Il ne m’avait même pas été possible d’obtenir la permission de visiter Verlaine dans sa prison. Je ne lui fis donc pas savoir mon passage en Belgique, et lui cachai l’insuccès des démarches, de peur de l’attrister et de le désespérer. Sa mère, qui fit de longs séjours à Bruxelles, afin de voir son fils, avait également sollicité plusieurs personnages de la Cour de Belgique, mais de même inutilement. Il aurait fallu des apostilles officielles et des interventions venues de Paris. Mais personne ne se souciait de parler et d’écrire en faveur du poète, condamné et calomnié, de plus, suspect d’avoir été communard. Victor Hugo, lui-même, malgré son esprit large et son indulgence coutumière, n’agit pas. Verlaine dut finir tout son temps légal d’incarcération, car, s’il sortit au mois de janvier 1875, c’est-à-dire après avoir fait dix-huit mois de prison, au lieu de deux ans, ce fut d’après la loi et non par faveur : il bénéficiait de la réduction accordée à tout condamné subissant sa peine en cellule.

Il a conté lui-même, et sans emphase ni acrimonie, mais plutôt avec une bonhomie narquoise, et une résignation ironique, cette dure captivité. Bien qu’elle différât, et par son origine et par sa gravité, des autres détentions passagères ou simples conduites au poste de police, qu’il eut à subir au cours de sa vagabonde existence, il a cependant confondu le séjour aux Petits-Carmes de Bruxelles et à Mons, maisons d’arrêt et de détention, avec la narration de ses incarcérations de lycéen insoumis ou de buveur exubérant.

Toutes ces interruptions de sa vie d’homme libre sont pour lui prétexte à détails autobiographiques et à observations humouristiques. Il a réuni, sous ce titre : Mes