Page:Lerberghe - La Chanson d'Eve.djvu/142

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Qu’est-ce donc qui s’étend, comme l’ombre d’une aile
Invisible sur moi, comme un voile azuré ?
Quelque chose de l’autre monde est-il entré
Dans mon âme ? Mes yeux se ferment, je chancelle.
Je suis si lasse et si brisée, et j’ai sommeil
De ces mourantes roses lasses de soleil,
Dont les parfums vers moi ne montent plus qu’à peine.
Comme toute la terre elle-même est lointaine !…
Où donc s’en sont allés ces deux papillons bleus
Qui, tout à l’heure, sur ce seuil, jouaient tous deux ?
Il n’est pas un nuage au ciel qui ne s’efface
Dans la sérénité divine dès qu’il passe.
Mon cœur s’apaise aussi, tout s’apaise. Je viens.
Je m’approche et je viens. Inconnu, qui m’attires
Et m’enlaces avec ces caresses, ces liens
De fleurs… Cette parole que je n’osais dire,
Je l’ai dite. Elle chante. Écoute. L’as-tu bien
Entendue ? Alors, prends-moi doucement la main.
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