Page:Lerberghe - La Chanson d'Eve.djvu/146

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De cet oubli d’une heure il n’est rien qui s’étonne.
L’âme la plus heureuse est si lasse parfois !
Reviens. L’erreur était humaine ; Dieu pardonne.
Le Paradis entier t’attend comme autrefois.

En ton absence tout a gardé l’attitude
De l’immortel instant divin où tu passas ;
Tout rêve encor, les eaux, les bois, la solitude
Le beau rêve que ta présence lui laissa.

C’est une amère paix que l’éternel silence,
Le sombre sommeil donne aux yeux à jamais clos ;
Chants et silence, ici, s’enlacent et la Danse
S’appuie, agile et blanche, au souriant Repos.

Et c’est la vie ! Elle est la volupté suprême
Du Paradis ; la terre en fleur où elle choit,
Se désaltère en elle, et le Rêve lui-même
À sa fontaine tend sa coupe d’or et boit.