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HANS DE SJÖHÖLM

ET

LE SORCIER FINNOIS

Un dimanche, sa mère, ses frères et la joyeuse petite Malfri étaient partis pour l’église dans un petit femböring. Quand vint le soir, comme ils n’étaient pas encore revenus, le batelier entra chez Hans et lui dit qu’on ferait bien d’appareiller et de s’en aller à leur recherche, car une tempête s’annonçait.

Hans, tenant un fil à plomb, prenait des mesures pour un nouveau bateau qui devait être encore plus grand et plus imposant que tous les autres ; il n’était donc pas bon de venir le déranger. « T’imagines-tu donc qu’ils sont sortis dans un vieux bac pourri », beugla-t-il. Et le batelier fut aussitôt dehors.

Mais la nuit, Hans ne parvenait pas à fermer l’œil et écoutait. Le vent sifflait et secouait les murailles ; on entendait des cris tout au loin sur la mer. Et au même instant on cogna à la porte, et quelqu’un l’appelait par son nom.

« D’où que tu viennes, va-t’en ! » il clama ; puis se refourra sous ses couvertures.

Quelques instants après ce fut comme si de petites mains tâtonnantes grattaient à la porte.

« Ne peut-on vraiment pas me laisser en paix ou faudra-t-il que je m’installe autre part ! »

Mais on continuait à cogner, on continuait à tâtonner autour du loquet, il y eut comme un bruissement à la porte : on eût dit que quelqu’un était là et ne parvenait pas à ouvrir. Et, plus perceptiblement, on entendait des efforts de mains vers le loquet.

Mais Hans ne bougeait pas et riait. « Les « fembörings » qui sont construits à Sjöhölm ne coulent pas à fond, vraiment, dès avant le premier coup de brise », fit-il d’un ton moqueur.

Et, soudain, le loquet joua, le loquet sauta, la porte s’ouvrit tout au large et sur le seuil se tenait la jolie petite Malfri avec sa mère et ses frères. Il y avait comme de la phosphorescence autour d’eux et leurs vêtements dégouttaient.

Leurs faces étaient pâles et bleues, ils avaient les coins de la bouche pincés comme s’ils venaient d’avoir passé par toutes les horribles angoisses de l’agonie. Malfri tenait désespérément sa mère par le cou avec un de ses bras déchiré, saignant, telle