Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/247

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avait des larmes. Peut-être voulez-vous vous moquer de moi ! troubler mon âme et puis m’abandonner ?… Un pareil projet serait bien cruel, bien cruel. Oh non ! n’est-ce pas vrai ? a-t-elle ajouté d’une voix, pleine de tendresse et de confiance, n’est-ce pas vrai que je n’ai à craindre de vous, rien qui puisse vous faire oublier le respect que vous me devez ? vous avez des procédés audacieux et je dois vous interroger parce que je vous ai laissé faire… Répondez donc ! Parlez ! je veux entendre votre voix.

Dans ces dernières paroles, il y avait une telle impatience féminine, qu’involontairement j’en ai souri. Il commençait à faire sombre… Je n’ai rien répondu.

« Vous vous taisez. Vous voulez peut-être que je vous dise la première que je vous aime ?

Je continuais à me taire.

« Voulez-vous cela ? » a-t-elle dit en se tournant vivement vers moi.

Il y avait quelque chose de décidé dans son regard et d’effrayant dans sa voix.

— Pourquoi ? » ai-je répondu en haussant les épaules.

Elle a fouetté son cheval de sa cravache et