Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

Vous êtes venue ici pour les mêmes raisons que ces jours derniers, travaillée par l’idée de revoir les lieux habités autrefois par André et poussée par le besoin de nous parler de lui…

— Oh ! madame, et l’apparition ?…

— Laissez-moi donc tranquille avec l’apparition !… Toutes les personnes faibles comme vous ont des apparitions !… Donc, vous êtes venue au château… Vous n’y avez trouvé personne : nous étions en effet, à l’autre bout du parc, chez le concierge. Vous avez gravi l’escalier, espérant me trouver dans ma chambre… des portes étaient sans doute ouvertes… vous êtes entrée… vous m’avez appelée… vous avez dû entendre des gémissements qui venaient de la chambre de François.

« L’enfant, en effet, à demi asphyxié dans son sommeil, pouvait râler, n’est-ce pas, docteur ?… Vous avez ouvert la porte de la chambre de François… Vous avez été suffoquée par l’odeur du gaz, mais vous vous êtes précipitée vers la fenêtre, vous l’avez ouverte, vous avez pris l’enfant dans vos bras, vous êtes revenue ici, vous l’avez déposé sur le lit et, au bout de votre effort, vous vous êtes évanouie !…

— François a donc failli être victime d’un accident par le gaz ! s’écria Marthe.

— Mais vous le savez mieux que personne, puisque c’est vous qui l’avez sauvé, reprit Fanny !…

— Comment pouvez-vous douter, maintenant, que ce n’est pas André lui-même qui vient me voir ! » continua la malheureuse au