Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nécessaire au remboursement. Vous êtes père : ayez pitié d’un père ! Ne brisez pas tout un passé d’honneur ! »

M. Ballmeyer père accorda noblement des délais. Il attend encore le premier acompte ou plutôt il ne l’attend plus, le procès lui ayant appris, après dix années, quel était le vrai coupable.

Ballmeyer, rapporte M. Albert Bataille, semble avoir reçu de la nature tous les attributs qui constituent l’escroc de race : une prodigieuse variété d’esprit, le don de persuader les naïfs, le souci de la mise en scène et du détail, le génie du travestissement, la précaution infinie, à ce point qu’il faisait marquer son linge à des initiales appropriées toutes les fois qu’il jugeait utile de changer de nom. Mais, ce qui le caractérise surtout, c’est, en dehors d’aptitudes étonnantes pour l’évasion, une coquetterie de fraude, d’ironie, de défi à la justice ; c’est le plaisir malin de dénoncer lui-même au parquet de prétendus coupables, sachant combien le magistrat s’attarde par tempérament aux fausses pistes.

Cette joie de mystifier les juges apparaît dans tous les actes de sa vie.

Au régiment, Ballmeyer vole la caisse de sa compagnie : il accuse le capitaine-trésorier.

Il commet un vol de quarante mille francs