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Parce que tu souffres...

Roman inédit

par

Binet-Valmer

I

Elle retira la main que son amant caressait à l’abri du manchon : — Laisse-moi. Il nous regarde. Il les regardait du haut de la chaire où il commentait la parole de Dieu. Un silence. La voix du jeune pasteur Morand, cette voix trop sèche, disaient les uns, puissante par son âpreté, disaient les autres, cette voix que l’on discutait, alors que nul ne mettait en doute la science ni la beauté du pieux orateur, s’était cassée à la fin d’une phrase, et son accent avait été si douloureux qu’il y eut un frémissement dans le temple aux murs nus. Henriette Morand baissa la tête et souleva son manchon pour se protéger. Le complice détourna les yeux. Sur l’assemblée tombait la lumière d’un matin US ŒUVRES LIBRES, X. 3