Page:Les Œuvres libres, numéro 3, 1921.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

314 ANTOINE DÉCHAÎNÉ

les grands hommes. Au Jugement Dernier, sembleront une foule ; on ne les distingi guère ; la Terre aura tourné si longtemps. A pendant cette courte existence nos yeux mor en connaissent peu ; notre misère, rien qu’à 1 vue, prend de la fierté ; et c’est pourquoi je s heureux, lorsque le dimanche je vois Anto un des grands hommes de mon époque. Il m’a fallu dix ans pour devenir son ami, veux dire pour avoir l’esprit détendu près de car j’ai commencé par le trouver admirable m terrible. Il m’avait joué une comédie à l’Odéi je l’avais observé en silence : il était absorbé ] mille soucis. Je me disais toujours qu’il ne fall pas lui voler son temps. Puis... je me i quai à l’aborder, chaque fois que le démon théâtre me poussa trop impérieusement vers 1 Je lui confiai, en tremblant, plusieurs mam crits, et ses décisions, même favorables, me re : plirent, d’abord, toutes d’une terreur sacrée. C’< qu’il a dans l’éloge, comme dans le blâme, i ton violent, qui donne une étrange importance ce qu’il dit. Maintenant encore que j’ai pris s moi, et que je sais le juger dans la sérénité, j1 prouve une émotion qu’aucun autre lecteur i me donne, quand ayant parcouru nia prose, il n lance, sans me dire bonjour :

— Epatant, mon vieux, votre affaire ! Ou bien :

— Qu’est-ce que vous aviez ?... Hein ?... Etie vous malade en écrivant ça ? Ou saoûl ?... Quoi ? Ah ! mon vieux, il faut faire très attention ! ! vous ne vous en êtes pas aperçu, c’est extrêrm ment grave ! Moi, j’ai lu ça avec effarement ! Il dit si brutalement ce qu’il pense, qu’il en es lui-même un peu pâle.

—■ Ma parole, c’est inquiétant !... En tout ca : il n’y a pas deux choses à faire. Vous allez hnmé diatement me t.„ ça dans le feu !