Aller au contenu

Page:Les œuvres libres - volume 1, 1921.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Lâche-moi d’abord, — essaya la vaincue, qui songeait aux revanches possibles.

— Tu t’en retourneras ? tu promets ? tu jures ?…

— Je…

Elles étaient, somme toute, deux très honnêtes femmes.

Grace, donc, qui n’avait pas envie de tenir, ne voulut pas promettre. Elle tordit ses bras, s’arracha des doigts de Germaine, la saisit à son tour et la mordit. Mais Germaine eut encore le meilleur dans cette suprême lutte, plutôt pareille à une convulsion. Et alors, Grace, domptée et sanglotante, se résigna, céda, jura, et se releva, sans force cette fois pour recommencer la bataille, et sans envie de rien, sauf de pleurer son saoul.

Elle s’en fut, selon les termes du traité dicté par sa rivale, vers la caverne. Et Germaine Francheville, la regardant s’en aller, souriait, assez glorieusement, et remettait quelque ordre dans sa coiffure, fort endommagée par le combat…

Après quoi, ayant songé, elle s’en fut aussi, mais du côté opposé ; du côté que Grace Ashton eût choisi, si c’avait été Grace Ashton qui, victorieuse, eût pu choisir, et Germaine Francheville qui, vaincue, eût dû réintégrer la chaste caverne au Grand Puits.

À cent pas au-delà, Henry de la Cadière attendait…

En vérité fut-il, ne fut-il pas surpris de recevoir la brune alors qu’il attendait la blonde ? C’est ce qu’il serait indécent d’envisager. Une femme et un homme, l’un seul avec l’une, ont à l’ordinaire à s’entre-confier des secrets tellement particuliers qu’il faudrait être tout le contraire d’un honnête conteur pour vouloir les jamais redire. Le plus convenable est donc de n’en pas souffler mot, et d’en remplacer la narration, comme firent toujours, en pareille occurrence, tous les bons au-