Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/174

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dray de mot à mot. Ce sont des sots qui ne sçavent point de nouvelles que celles de la basse-court, que je laisse pour le commun. Ma cousine me receut à bras ouverts ; nous nous entretinsmes long-temps des discours facetieux qui s’estoient faits à nostre dernière entreveuë, de la deffiance des dames, du conte que l’on leur avoit fait que quelqu’un se cachoit en la ruelle du lict, et mesme de leur curieuse recherche. Nous en rismes à gorge desployée. Elle s’informa des nouvelles du Palais. Je luy dis la plus commune, du pelerinage des deux mercières. Elle me pria de luy en faire le conte. Je luy rapporte fidèlement comme tout s’estoit passé : que les deux bourgeoises, feignant de se vouloir acquitter d’un vœu qu’elles avoient faict d’aller à Nostre-Dame-des-Vertus, auroient demandé congé à leurs maris ; qu’après leur avoir accordé, ils seroient entrez en ombrage, et, pour sçavoir la verité, les auroyent suivies, l’un avec un habit de moyne emprunté des religieux de Sainct-Martin, l’autre avec le sien ordinaire de père de l’Oratoire, et rencontrées à my-chemin, conduites par deux jeunes advocats ; comme ils les suivirent de loing, entrèrent en mesmes logis que nos amoureux choisirent sans estre recognus, et, s’estans glissez subtilement soubs un lict de leur chambre, virent en leur presence balotter leurs femmes, sans y pouvoir apporter remede ; leur retraitte sur le soir, le nou-