Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/175

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veau courage des maris, qui doublèrent le pas et les abordèrent, la fuitte de nos galands, et finalement comme nos cocus menèrent leurs femmes dans une saulsaye prochaine pour partager en leur communauté la miserable fortune d’Acteon. Ils se reservèrent les cornes, et donnèrent à leurs paillardes les decouppures et diaprures gentilles. — Veux-tu que je te die, cousin ? me dit-elle, je ne sçaurois m’empescher de plaindre le sexe ; je ressens un extrême desplaisir de la mauvaise fortune de ces pauvres femmes, car, sur ma foy, ces sots meritent bien de porter le ramage. Sçachez, mon amy, qu’il y a trois choses qu’à l’heure qu’on les recherche le plus curieusement, on voudroit les trouver le moins : le fond de sa bourse, de la viande à un privé, et sa femme faisant l’amour. Ces curiositez trop grandes sont grandement blasmables, et n’apportent enfin que toutes sortes de desplaisirs. Mais il me semble que j’ai apperceu quelque esmotion en ton visage au recit que tu m’as fait de ceste histoire ; en conscience, si tu estois marié, ne serois-tu point jaloux ? — Je luy respondis hardiment que non. Elle me pressa pourtant encores, et me demanda laquelle des deux conditions je voudrois choisir, ou d’estre cocu, ou abstraint à ne jamais faire l’amour. Je lui fis la mesme response que fit autrefois ce grand capitaine à Tholoze, le souprieur de la nation Bourbonnoise, que, prenant le certain