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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/113

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La mort a visité cette maison. Elle a pris le jeune homme et elle a laissé le vieillard.

— Est-ce de ton maître que tu parles ? lui demandai-je.

— Hélas ! oui ; le malheureux ! reprit-il en pleurant, il a mis fin à ses jours ! »

Il m’introduisit alors dans une chambre où brûlait tristement une chandelle bénite pour éloigner les esprits. J’aperçus le comte Arriani couché sur son lit, la tête ensanglantée. Un pistolet, tombé à terre, m’apprit le moyen qu’il avait employé pour se donner la mort.

Les questions que je fis au vieillard ne m’apprirent que peu de choses, car il n’avait pas suivi son maître dans ses voyages, et il n’était rentré à son service que depuis son retour.

J’examinai alors avec attention les objets qui se trouvaient dans l’appartement. Je ne tardai pas à découvrir, sur un bureau où le comte paraissait avoir écrit récemment, un petit globe de cristal qui me parut d’abord vide,mais où je distinguai bientôt un insecte enfermé. Gloire à toi, ô maître ! J’y reconnus à l’instant même ton cachet ; à toi la science et le génie ! Nul ne peut t’égaler pour la force de tes charmes !

Voilà quel était l’état du talisman au moment où je le découvris. L’ouverture était hermétiquement close, de manière à intercepter entièrement l’air extérieur. L’insecte (c’était une libellula minima, comme tu le sais) était couché sur le dos dans un état de mort apparente ; cependant, en agitant le globe de cristal, je vis une de ses pattes se mouvoir, et je reconnus ainsi que la vie n’était pas encore éteinte. Que devais-je faire, ô mon maître ? Ce globe était-il un philtre d’amour, ou un miroir de fortune ? Cet insecte expirant personnifiait-il un être aimé, un ennemi ou un projet inconnu ? Je n’osai toucher à un talisman sur lequel je voyais empreint ton sceau redoutable. Je me contentai de le prendre et de l’emporter, pour le tenir à ta disposition. Aujourd’hui, la petite libellule paraît toucher à ses derniers